• The return of the high functionning sociopath

     Ces derniers temps, il semblerait que l’univers essaie de m’écarter le plus possible de mes documents word pour m’empêcher de les publier. On compte 2 articles perdus à deux doigts de la publication, ou sinon un petit article qui croupit dans mes fichiers qui était censé ouvrir mes articles 2014 mais qui maintenant a besoin d’une réelle mise à jour, sans même évoquer toutes ces idées dans ma tête qui ne prennent pas forme à cause de mon emploi du temps chargé (et de ma fainéantise aussi mais chut). Mais il est temps de se battre pour publier un vrai bon article dont le sujet est d’ailleurs tout trouvé…

    Sherlock, brillante série de la BBC, nous a enfin offert sa nouvelle saison. Non attendez laissez-moi répéter ça « on a pu voir la nouvelle saison de Sherlock » … ah ça fait du bien ! Deux ans qu’on attendait avec impatience la suite de la saison 2 qui se terminait avec un cliffhanger très irritant. Mais nous voilà, trois épisodes plus tard, devant un nouveau cliffhanger à gérer et une nouvelle saison à attendre.  C’est donc avec plaisir que je vous retrouve pour en parler.

    Si vous ne connaissez pas la série, tout d’abord allez la regarder maintenant, ensuite voici pour vous un petit rappel. En 2009, la BBC lance sa nouvelle série adaptée des romans d’Arthur Conan Doyle sur le célèbre détective privé à la loupe mais en déplaçant l’intrigue déplacée à l’époque contemporaine. Fini alors avec le mythe du Sherlock Holmes victorien, Sherlock se met à internet et au sms, John tient un blog et a fait la guerre en Afghanistan. La série adopte un format particulier puisque chaque saison est constituée de seulement trois épisodes de 1h30 chacun (au grand damne des fans) ressemblant donc plus à une série/téléfilm bâtarde. Au scénario deux grand scénaristes de la BBC mordus des romans d’origine : Mark Gatiss et Steven Moffat, notamment connus pour avoir travaillé sur l’autre chef d’œuvre (j’emploie les mots que veux) de la BBC : Doctor Who. Au casting 100% british on retrouve le fameux Benedict Cumberbatch et Martin Freeman aujourd’hui bien connus du grand public international. La série rencontre un gros succès saluée à la fois par le public et par les critiques. La fin de la saison 1 tient en haleine les spectateurs pendant près d’un an et demi avant une nouvelle saison qui surpasse de loin la première avec l’apogée de son antagoniste brillamment interprété par Andrew Scott. La saison 2 se terminait sur le suicide de ce dernier et de celui de Sherlock qui a en fait mystérieusement survécu, fin qui tiendra en folie un fandom surexcité et plein de théories sur le stratagème qu’a utilisé Sherlock pour feindre avoir sauté du haut d’un immeuble pendant près de deux années. La saison suivantd a souvent été repoussée pour raison d’emploi du temps, en effet les acteurs principaux sont depuis quelque temps les cocluches d’Hollywood sans parler des scénaristes toujours chargé de projet. Benedict Cumberbatch, nommé homme le plus sexy de 2013, ne manque pas de séduire les jeunes femmes en mal de charme britannique en super-méchant Khan dans le Star Trek de JJ Abrams, en Julian Assange tête de WikiLeaks dans The Fifth Estate (Le Cinquième Pouvoir), ou même en dragon dans le dernier Hobbit. La saga du Hobbit de Peter Jackson a d’ailleurs engagé Martin Freeman qui joue John Watson pour le rôle principal. Mais l’équipe a finalement réussi à se réunir mi-2013 pour travailler sur la nouvelle saison qui fut annoncée le premier janvier 2014 grâce à un cortège funèbre qui a passé 24h à circuler dans Londres (pas mal comme coup de com’). Nous voilà donc, 2 semaines plus tard avec les 3 nouveaux épisodes tant attendu. Sherlock a-t-elle donc réussie à renouveler son succès et sa formule ?

     

    La saison se déroule deux ans après les évènements de Reichenbach, John s’apprête à demander sa nouvelle compagne en mariage et pense toujours que Sherlock est mort et enterré alors qu’il est en réalité en train de démonter le réseau de Moriarty avec l’aide de son frère Mycroft et de son immense influence. Pendant ce temps, un ancien collègue de Sherlock a monté un groupe de fans de Sherlock Holmes et cherche désespérément à prouver qu’il est toujours vivant, notamment en élaborant des théories sur la manière dont il aurait survécu. C’est le moment que choisit Sherlock pour revenir à Londres, annoncer la nouvelle à ses (anciens) amis, et faire son retour sur la scène publique.

    Ce qui ressort directement de cette saison, c’est le changement de ton qui a beaucoup surpris les spectateurs. Le premier épisode semble tout droit destiné à faire un hommage aux fans : le groupe de fans de Sherlock et leurs théories sont l’incarnation même du fandom (qu’on reconnait tout particulièrement dans la théorie de la romance entre Sherlock et Moriarty), les moments d’amitié entre John et Sherlock, des scènes humoristiques, un ton plus léger… C’est un certain choc pour une série qui était plus dramatique et sérieuse à la base. Les deux autres épisodes se concentrent eux aussi beaucoup plus sur les personnages que d’habitude et le ton dramatique ne revient réellement que dans le dernier où on fait face à une affaire délicate et dangereuse contre un homme dotée d’une intelligence hors norme… Le scandale est assuré pour les fans purs et durs qui accusent la série d’abuser du fanservice et de s’éloigner du but d’origine, critique aussi facile que justifiée.

    Mais je ne vois pas du tout ce changement de ton comme un grand écart à la série de base. Je pense que la série avait besoin de se concentrer sur ses personnages qui sont, en plus d’être connus et aimé universellement, complexes et intéressants et entretiennent des relations plutôt uniques. La série avait besoin de chaleur même si le personnage principal s’est auto-proclamé sociopathe. Le fanservice  a en réalité été très bien utilisé pour raviver l’affection pour les personnages et aussi pour se remettre dans le bain. On a certes pas beaucoup vu de scènes véritablement comiques jusque-là c‘est normal d’être surpris devant une scène où Sherlock essaie de résoudre une affaire en étant ivre. Ceci dit dans le contexte les scènes comiques sont tout à fait justifiées : pour cette scène par exemple Sherlock énumérait des anecdotes marrantes qu’il a vécues avec John pour le mariage de ce dernier. Après oui dans certains moments le côté sociopathe de Sherlock avait plus l’air digne de Sheldon Cooper de Big Bang Theory qu’autre chose mais vouloir un ton plus léger ne fait de mal à personne. L’humour a justement évité d’être trop lourde ou omniprésente. De plus, ce côté léger ne dessert pas du tout (du moins à mon avis) la qualité de la série. Les épisodes sont toujours très bien écrits et menés, les affaires sont peut-être plus classiques mais intéressantes, on est toujours agréablement surpris par la série. On retrouve bien le timbre initial de la série. Cette saison a juste décidé de s’attarder plus sur la vie quotidienne et l’amitié de John et Sherlock. Et puis, soyons francs, on a beau aimer et adorer la série si elle n’évolue pas un minimum on s’en lasserait même avec 3 épisodes tous les deux ans.

    Le premier épisode, « The Empty Hearse » (« Le corbillard vide »), a un objectif clair : instaurer le retour de Sherlock, savoir ce que les personnages sont devenus en 2 ans, voir les réactions des personnages au retour de Sherlock, et bien sûr expliquer comment il a pu faire croire à tout le monde qu’il s’était jeté d’un building. La petite enquête criminelle prend alors un rôle tout à fait secondaire « on en fait une parce qu’après tout Sherlock Holmes est là pour résoudre des crimes ». Cet épisode reprend intelligemment la série en douceur comme pour dire aux spectateurs « c’est bon nous sommes de retour ». L’épisode est très réussi pour ce qui est des retrouvailles Sherlock/John et pour l’introduction de Mary, la femme de John. L’enquête est certes laissée à l’écart avec des déductions moins impressionnantes ou pointues que d’habitude et des questions laissées en suspens. On peut donc prendre cela comme un simple cadre au retour de Sherlock. Mais leur coup de maître réside dans l’explication du faux suicide. Ils ne l’ont jamais réellement expliquée, juste un amas de théories suivi d’une explication vague de Sherlock dont on n’est pas sure qu’elle soit la vraie. Le parfait stratagème pour éviter de décevoir des fans qui ont passé 2 ans à faire des théories (je suis d’ailleurs pratiquement sure que ces théories ont grandement influencées celles trouvées dans l’épisode). Enfin saluons l’évolution du personnage d’Anderson : il était le moins aimé, le policier médiocre qui vivait une vie médiocre et que Sherlock détestait pour sa médiocrité, antipathie réciproque. Il devient ici le seul personnage ayant compris que Sherlock avait faussé son suicide, le seul à le soutenir. Il est devenu l’incarnation des fans dans sa course folle aux preuves de la survie de Sherlock. Evolution assez audacieuse d’un des personnages les moins aimés. La question est : qu’a-t-il pu se passer pour qu’Anderson fasse une fixette à ce point sur Sherlock et son prétendu suicide ? Et surtout pourquoi décider de l’idolâtrer alors qu’il le détestait ? Pas de corps retrouvé sur le lieu du suicide ? Pas de preuves évidentes ? Des révélations de dernières minutes ? Champs libre à notre imagination…

    La saison enchaîne avec un deuxième épisode nommé « The Sign of Three » qui compte le mariage de John et Mary avec Sherlock en témoin. Je dois d’abord saluer l’excellente construction de l’épisode qu’on voit en majorité à travers Sherlock et ce à quoi il pense au mariage. Il s’engage dans un discours qu’il a durement où il commence à raconter des anecdotes drôle, intrigantes ou touchantes. Comme on nous offre une superbe peinture de l’amitié entre John et Sherlock, un Sherlock hilarant complètement déconcerté par la situation et des invités presque outrés par son comportement ; on ne verrait presque pas qu’on nous expose en fait une seule et même affaire judiciaire parmi les différentes anecdotes. On ne fait que le lien entre toutes les informations en même temps que Sherlock et, guidés par sa déduction, on a toutes les clés en main pour trouver le meurtrier avec Sherlock. L’épisode fait donc brillamment participe le spectateur tout en le faisant sourire et sans qu’il s’en rende vraiment compte. On notera aussi la première réelle représentation du « mind palace » (palais de l’esprit) qui représente parfaitement la réflexion de Sherlock qu’on suit plus facilement. Aussi la performance d’acteur de Benedict Cumberbatch qi tient ici un quasi-monologue est bluffante d’autant plus que les passages comiques qui ne sont pas dans son habitude. Enfin on notera les différents messages subliminaux donnés par les images et le cadrage avec lesquels on pouvait deviner plusieurs retournements de situation de l’épisode suivant. Mais encore une fois l’enquête, bien que très bien étalée et cachée dans l’épisode, ne soulève pas des masses (la preuve : j’ai deviné de le meurtrier environ 10min avant la résolution du mystère)

    Le dernier épisode, « His Last Vow » (Son dernier serment), devait offrir une enquête plus pointue avec un méchant intrigant et clôturer la saison avec ce qu’on annonçait comme un cliffhanger encore plus frustrant que les deux premiers. L’épisode revient sur un ton beaucoup moins léger, cette part dramatique dont on raffolait dans les premières saisons. Autant dire qu’on est tenus en haleine pendant les 90 minutes que durent l’épisode : retournement sur retournement, on va de surprise en surprise. Si vous ne voulez pas connaître la fin je vous conseille très fortement de ne pas lire la fin de ce paragraphe. Celui qui nous met le plus sur le cul est certainement l’identité cachée de Mary qui est en fait une tueuse entrainée qui avait décidé de faire une croix sur son passé. Retournement de situation pourtant bien annoncé dans les épisodes précédents : la première fois qu’il la voit Sherlock déduisait une nuée de point de caractère et parmi eux on pouvait clairement lire « Menteuse », dans l’épisode deux on voit clairement qu’une statue accrochée au mur lui fait des cornes… On aurait pu le voir venir. Le personnage s’annonce alors comme encore plus intéressant qu’il ne l’était à la base. D’autant plus que le choc de John lorsqu’il l’apprend est très intéressant et même crucial pour le personnage (on salue ici la performance de Martin Freeman). Ce qui sauve la mise à Mary (outre le fait qu’elle porte l’enfant de John) c’est qu’elle a en quelque sorte sauvé la vie de Sherlock en lui tirant dessus. Pour nous, spectateurs, on peut la remercier pour cette merveilleuse occasion d’admirer le grand esprit de Sherlock lorsqu’il est au bord de la mort et en panique. On adore les incursions dans le mind palace et encore plus quand Sherlock se bat. Et où va-t-il chercher des ressources pour ne pas mourir ? Dans un petit coin du mind palace où se trouve son grand ami Moriarty enchaîné tel un patient d’un asile particulièrement dangereux. Non seulement c’est excellent au niveau de la psychologie du personnage, mais en plus c’est l’occasion pour Andrew Scott de nous prouver à nouveau qu’il sait jouer la folie à la perfection.  Nous retrouvons ici l’ennemi type de Sherlock : un psychopathe doté d’une intelligence hors norme. On a la chance de retrouver Lars Mikkelsen dans le rôle de l’antipathique Magnussen, un homme particulièrement incivile qui fait chanter des personnages puissants avec leurs secrets. Si l’acteur est excellent pour nous inspirer du dégoût pour le personnage que les scénaristes ont très bien trouvé, il s’est fait trop facilement volé la vedette par le retour surprise du sadique et narcissique Moriarty qui constitue le nouveau cliffhanger. Là où Steven Moffat est fort, c’est lorsqu’il nous fait croire que le cliffhanger est ailleurs (Sherlock vient de tuer un homme, il est donc exilé et ne verra peut-être plus jamais John) avant de couper le générique en plein élan pour nous montrer l’orchestration du retour du grand Moriarty.

    Pour résumer la saison est en soi excellente bien qu’elle ait un but assez différent des autres. Là où les autres voulaient offrir des enquêtes intelligentes et spectaculaires, ici la saison se concentre sur le développement des personnages et leurs relations et moi je dis un grand oui. Et ce n’est pas comme si les enquêtes étaient nullissimes, elles ont certes moins d’ambitions que l’affaire Irene Adler mais elles ont le mérite d’être classiques mais efficaces (oui oui contrairement à ce que les séries télés veulent nous faire croire, il n’y a pas 10 affaires terroristes à résoudre dans une seule année). On adore voir un Sherlock moins distant et plus vulnérable. On adore voir Mycroft s’inquiéter pour son frère. On adore voir le mind palace. On adore toujours le scénario. Tout cela reste brillant et on en redemande encore !

    Ce qu’on attend pour la saison 4 (attention spoilers spoilers spoilers) ? Nous avons un bébé en préparation, l’évolution de la série avec un bébé dans les pattes risque d’être perrieuse mais intéressante. Mais la vraie question qui nous brûle tous… Moriarty est-il vraiment de retour ou quelqu’un s’est-il vraiment amusé à faire une mauvaise blague ? On vote Moriarty en masse. Je ne me lasserai jamais de Moriarty, son sadisme, son narcissisme, sa mégalomanie et sa folie. Je ne me lasserai jamais de jeu d’acteur d’Andrew Scott qui nous fait réellement questionner sa santé mental. De plus tuer Moriarty si tôt c’était tellement d’opportunités gâchées : il était trop excellent et donnait trop de bonnes voix aux scénaristes pour mourir. Cependant sa fin dans Reichenbach Falls était parfaite : il se tue lui-même juste pour coincer Sherlock, ultime preuve que ce mec était complètement atteint et que son cas relevait de la psychiatrie. Et lorsqu’ils le tueront une deuxième fois tout le monde va se demander s’ils l’auront tué pour de bon… On est très heureux de revoir Moriarty mais est-ce vraiment bien et pertinent pour l’histoire ? Ca reste à voir.

    Sherlock réussi à nous surprendre encore une fois (en bien mais aussi en mal pour certain) et confirme son statut de série à part. Son scénario, son interprétation et sa construction sont trop élaborés pour être considérée comme une série lambda. Elle n’a pas à pâlir devant les dernières adaptations de Sherlock Holmes comme les films américain avec Robert Downey Jr et Jude Law (bon blockbuster, drôle et délirant, mais on n’est pas impressionné par l’intelligence du scénario ou la performance des acteurs) ou la récente série américaine Elementary (qui s’inscrit dans l’arc des séries policières qui essaient désespérément de renouveler le genre). La touche british gagne ici. Je ne peux que conseiller cette série et conseiller à ceux qui n’ont pas apprécir la saison 3 de la reregarder et de découvrir ses qualités ! En attendant on nous promet une quatrième saison à la fin de l'année, ça serait un record de rapidité !

    Voici le mini-épisode qui précède cette troisième saison, juste pour vous mettre l'eau à la bouche:


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