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    Hannibal c’est fini. Trois saisons que la série repousse les limites, trois ans qu’elle régale les fans, elle a fini par être rattrapée par ses très faibles audiences. La chaîne NBC annonce ne pas renouveler la série pour une quatrième saison (alors que les scénaristes en avaient prévu 7).Le dernier épisode de la saison 3 a été diffusé la semaine dernière et tant que l’équipe ne se trouve pas un nouveau diffuseur, cet épisode signe la fin de la série.
    Très honnêtement, c’est la meilleure série que j’ai pu regarder en termes de qualité et il y a plusieurs critiques professionnelles qui seront d’accord avec moi. C’est une série unique en son genre que j’ai adoré du début à la fin.

    Tout partait d’un concept simple : reprendre l’histoire du célèbre cannibale Hannibal Lecter écrit par Thomas Harris et connu du grand public sous les traits d’Anthony Hopkins, et de raconter ce qu’il se serait passé avant le premier roman de la saga : Dragon Rouge. Du temps où le psychiatre exerçait encore libre de tout soupçon en cuisinant ses victimes à ses invités.
    La première saison s’est alors faite sous forme de série policière teinté d’ambiance film d’horreur où on suivrait Will Graham (personnage principal de Dragon Rouge) spécialiste en psychologie criminelle qui se voit recruté par le FBI pour une série d’enquêtes sur des serials killers morbides aux quatre coins des USA. Réputé psychologiquement fragile, le FBI confie son suivi au psychiatre Dr Lecter qui se retrouve ainsi un peu trop renseigné sur l’enquête concernant ses propres meurtres.

    Et dès la première scène on comprenait déjà une chose : on avait vu beaucoup (beeaaauuucoup) de séries policières mais celle-ci venait d’un tout autre monde. Giclées de sang au ralenti, musique classique et grinçante, et beaucoup beaucoup de sous-entendus sur le cannibalisme intervenants comme des private jokes entre Hannibal et le spectateur. La série nous proposaient déjà une panoplie de meurtres glauques tellement inventifs avec des cadavres si esthétisés qu’on en oublierait presque l’horreur. On assistait à de longs dialogues pendant lesquels on essayait de cerner les personnages. Sans oublier que les plats d’Hannibal étaient si bien arrangés qu’on avait beau savoir qu’il s’agissait de viande humaine, on les aurait bien goûtés. L’esthétique de la série défiait déjà toute concurrence.
    Bref on entrait dans le monde d’Hannibal : meurtres barbares, oui, mais toute en élégance. Cannibalisme, oui, mais restons sophistiqués en accompagnant nos mets d’une bouteille de vin d’un bon cru. On n’a jamais aussi bien compris le fait qu’Hannibal voit ses meurtres comme un art. Et on n’a jamais aussi bien compris comment il pouvait manipuler ses victimes. Parce que si ces longs dialogues sur le sens de la vie peuvent nous paraître superflus, c’est en fait comme ça qu’on pouvait voir ses ficelles (même si pendant une bonne dizaine d’épisodes on ne comprenait rien de ce qu’il manigançait). C’est aussi comme ça qu’on pouvait voir comment personne n’a pu le soupçonner tant il paraissait gentlemen et intellectuel.

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    Puis la saison 2 est arrivée et le masque tombe. Cette fois-ci Will Graham sait pertinemment à qui il a affaire et on peut se délecter de voir chaque personnage le comprendre un à un. La série reste une série policière mais elle sort peu à peu de ce schéma pour raconter véritablement l’histoire de ses personnages. C’est à ce moment-là que les scénaristes ont commencé à brouiller les pistes entre leur récit et les romans d’origines.
    Et si vous pensiez avoir tout vu après l’homme-violon et les manipulations douteuses d’Hannibal, détrompez-vous la série en avait encore sous le capot. Vous vous rappelez du film Hannibal avec Gary Oldman et sa face charcutée qui voulait se venger du psychopathe? Et bien préparez-vous à voir son histoire y compris ce moment où Hannibal le manipule pour qu’il se découpe les joues tout seul (oui, oui un moment mémorable). Admirez Will Graham, devenu un peu fou entre temps, être divisé entre sa vengeance et sa sympathie pour Hannibal.
    ON pensait que la sériez ne pouvait pas être plus cauchemardesque et la saison 2 arrive et se place un cran encore au-dessus. Plus intense, plus de gore, les choses sérieuses ne font que commencer. C’est d’ailleurs à ce moment-là que la série perd significativement de l’audience. Certaines personnes m’ont confié qu’ils ne pouvaient juste plus supporter certaines scènes trop violentes.
    Et pourtant je ne crois pas avoir vu une scène aussi belle que les 10 dernières minutes de la saison resté dans les mémoires autant pour son esthétisme poétique que pour son cliffhanger.

    Enfin dans sa dernière saison, le rythme de la série est entièrement repensé. Hannibal est en cavale en Europe et c’est la course pour enfin l’attraper. Will complètement déphasé, a déclaré forfait et laisse son amitié pour le cannibale l’emporter. Cette dernière saison se centre sur la romance à peine camouflé de ces deux personnages tout en restant dans leur monde malsain et sanglant. Maintenant qu’on a cerné le personnage, on observe plus en détail les méthodes d’Hannibal de la sélection de la victime jusqu’à sa cuisson. On explore rapidement son passé avant qu’il ne se fasse finalement enfermé et que la série fasse un bon de 3 ans pour se placer au début des évènements de Dragon Rouge.
    Le changement de rythme de la saison n’a pas plus à tout le monde, et ce saut dans le temps reste controversé. Cette saison en deux temps est le point faible de la série. Parce que si le scénario reste de qualité, le changement d’ambiance fait perdre de la tension qu’il y avait dans les premières saisons. Puis lorsqu’on a lu les livres (ou vu les films), une grande partie de la 2e moitié est sans surprise. On a moins de meurtres croustillants à se mettre sous la dent mais le peu d’action qu’on nous offre nous prouve que ce n’est pas par manque d’idée. La série s’est aventurée sur de nouvelles terres et ne cessent pas de nous surprendre. Mais il se peut qu’on se soit trop habitués à être surpris. De plus pour ma part j’ai trouvé l’esthétisme de cette saison moins réussi. Peut-être qu’on en avait assez vu, peut-être que les animations étaient mal placées, peut-être qu’ils ont changé de directeur artistique… le fait est que j’ai moins apprécié ces moments.
    Je n’en reste pas moins très contente de ce qu’ils ont fait avec l’histoire. J’ai apprécié explorer encore plus les relations d’Hannibal. Et merci aux scénaristes pour avoir explicité l’amour platonique entre Hannibal et Will. Car encore trop d’œuvre se contentent d’entretenir discrètement un sous-entendu homosexuel pour ceux qui veulent bien le voir, mais pas assez saute le pas. On se retrouve dans une version bizarre et psychotique de Brokeback Moutain les scènes de sexe en moins. Un cadeau en forme de cœur fait avec des cadavres et les yeux doux remplis d’amour : tout y est. Les personnages secondaires qualifient même allègrement leur relation de romance. Et pourtant pas un seul baiser n’est échangé. Tout est dans l’intensité des scènes et le jeu d’acteur.
    Si la série doit s’arrêter là, j’aime beaucoup la fin qu’ils ont choisie pour le « couple » Hannibal/Will (Hannigram pour les intimes) tout en laissant plusieurs options pour une éventuelle suite que toute l’équipe aimerait raconter. La saison 4 aurait dû d’ailleurs se concentrer sur leur relation encore plus en profondeur avant de s’attaquer aux évènements du Silence des Agneaux plus tard. J’aurais volontiers remis le couvert.
     

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    Il faut dire que l’autre grand point fort de la série c’est son équipe. Bryan Fuller, scénariste avide de cadavre et de film d’horreur, a compté jusqu’au bout avec enthousiasme sa fanfiction de l’univers morbide de Thomas Harris. Connu notamment pour Pushing Daisies, c’est un scénariste pour qui j’ai énormément de sympathie. On le retrouvera prochainement à l’écriture dans l’adaptation de la série de bds Sandman de Neil Gaiman (autre auteur que j’adore décidément), j’ai hâte.
    Son écriture mariée à une réalisation de haute volée notamment dirigé et produit par David Slade (quelques clips de Muse, Twilight 3… oui je sais ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus flatteur). Une autre qualité qui n’a cessé d’être soulignée par les critiques.

    Niveau casting on ne saluera jamais assez le danois Mads Mikkelsen (Casino Royale, La Chasse) pour son interprétation d’Hannibal qui nous fait très vite oublier l’incarnation d’Anthony Hopkins. Hugh Dancy, moins connu, complète parfaitement le duo avec son interprétation de Will Graham à faire rougir Edward Norton qui l’avait incarné dans la médiocre adaptation de Dragon Rouge en 2002. Sans oublier les acteurs secondaires : Laurence Fishburne (Matrix, Man of Steel) en directeur du FBI ou la mystérieuse Gillian Anderson (X-Files) en psychiatre collègue d’Hannibal en sont les deux têtes d’affiche. Puis les guest stars prestigieux n’en finissent pas : Gina Torres (Matrix, Firefly), Eddie Izzard, Richard Armitage (le Hobbit, succédant à Ralph Fiennes en Dragon Rouge), Zachary Quinto (Heroes, le Spock des Star Trek de JJ Abrams). Sans oublier les actrices méconnues qui ont tirés leur épingle du jeu face à ce casting cinq étoiles : je retiens notamment Catherine Dhavernas en Dr. Bloom ou encore la jeune Kacey Rohl (déjà aperçue dans Supernatural) en Abigail.
    Et tous ces acteurs interprètent leur rôle à merveille et avec une subtilité étonnante qui ne fait que rendre la série plus captivante.

    Quoi qu’il en soit en trois saisons on n’a jamais vu autant de tableaux aussi malsains que magnifiques. Le fait qu’une chaîne grand public américaine ait accepté de la diffuser pendant trois ans relève du miracle (surtout après les nombreuses plaintes pour violences graphiques qu’ils ont reçues). Parce qu’après tout cette série relève de l’art particulièrement morbide et ne peut pas être appréciée de tout le monde (ce que certaines critiques ont qualifié d’arrogance). Aimer les ambiances gores et glauques, les citations de Dante et les longues discussions philosophiques remplies de sous-entendus n’est juste pas fait pour tout le monde. Mais si on arrivait à apprécier on se régalait (jeu de mots ou pas à vous de décider) !
    La série a finalement été rattrapée par le fait qu’elle n’était pas grand public. La série n’avait plus grand-chose du thriller psychologique qui avait fait connaître la saga à ce grand public. Elle est juste venue, sortie de nulle part, pour réinventer le modèle original en y injectant une grande dose d’esthétisme et de bromance. C’était trop bavard, trop morbide, trop poussé, trop si ou trop ça. Mais on ne peut pas lui reprocher d’avoir atteint ce niveau d’intensité et de complexité. Je ne suis pas particulièrement friande de l’œuvre de base (ni même de ses adaptations cinématographiques) et ça a été génial pour moi de redécouvrir Hannibal Lecter sous ce nouvel angle. Merci à l’équipe pour cette expérience télévisuelle, elle aura une place dans mes séries favorites pendant très très longtemps.
    Inutie d'ajouter que je vous conseille vivement cette série.

    Fun tip : prendre Hannibal au second degré c’est aussi une façon amusante et ludique d’apprécier la série tout en dédramatisant le côté malsain et glauque.

    A lire: Article que j'avais publié après la diffusion de la saison 1


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    Dans l’engouement du grand public pour les zombies, il y a une franchise à part qui personnifie le phénomène : je veux bien sûr parler de The Walking Dead (TWD pour les intimes). D’abord connue comme la saga de comics écrite par Robert Kirkman, elle a ensuite été adaptée en série télévisée sur la chaîne américaine AMC. Et elle est aujourd’hui devenue LA série la plus regardée en ce moment aux Etats-Unis et ne cesse de battre ses propres records d’audience. Souvent critiquée pour son rythme jugé trop lent et irrégulier, Rick et sa clique réunissaient pourtant en moyenne 16 millions de téléspectateurs américains pour leur dernière saison (contre 7 petits millions pour la première saison). Je dois dire que suivre la lente descente aux enfers des personnages dans un monde ravagé par les zombies (bien que le terme ne soit jamais utilisé dans la série) est particulièrement captivant et jouissif. Un très bon traitement des personnages associé à cet esprit survival et une imagerie gore est un mélange gagnant pour moi comme pour des millions de fans.

    L’idée est alors naturellement venue d’étendre l’univers et voilà qu’AMC nous propose un spin-off de l’univers apocalyptique de Walking Dead avec Fear the Walking Dead. Le premier épisode était diffusé ce 23 août aux Etats-Unis et ça a été le jackpot pour les diffuseurs: meilleur démarrage de l’histoire de la télévision américaines, rien que ça. Même le spin-off de Breaking Bad, autre série culte du moment, ne fait pas aussi bien. Série prometteuse financièrement mais est-ce que le pilote a réussi à rencontrer toutes les attentes des spectateurs ?

    Grande fan de la série de base, c’est avec joie et sans trop réfléchir que je me jette sur ce pilote après avoir vaguement vu une bande annonce trainer sur internet.

    On se retrouve dans le monde actuel du côté de Los Angeles (alors que TWD se déroule à Atlanta) avant que le virus ne se propage. Là où la série originelle suivait un héro dans le coma lorsque l’apocalypse a éclaté, Fear the Walking Dead nous propose de voir comment tout a commencé. On suit alors une famille recomposée où le fils toxicomane donne du fil à retorde à la mère. La fille lycéenne, blasée comme toujours, semble peu affectée par la condition de son frère et roucoule avec son petit-copain en faisant ses projets d’avenir. Le beau-père, lui, essaie de trouver sa place en offrant son aide à la petite famille alors que son propre fils refuse de passer du temps avec lui.
    Et un beau jour Nick, le fils toxicomane, se retrouve à l’hôpital après un accident et affirme avoir vu une femme manger le visage de quelqu’un d’autre dans un squat pour drogués. Impossible de savoir si c’est une hallucination due à la drogue ou due à son état mental, mais personne n’envisage que ce soit la réalité étant tous persuadés que de toute façon les toxicomanes sont des gens fous et dangereux. Jusqu’à ce que les évènements se précipitent et que d’autres cas se déclarent…

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    La fin du pilote est claire : l’apocalypse est en marche et ça ne va aller qu’en s’empirant. Et tous les fans de TWD savent jusqu’où les évènements vont conduire et rient doucement en imaginant les horreurs qui ont pu se produire pour en arriver là où la série mère se passe.
    Et le bilan pour ma part est tout aussi clair : c’est un premier épisode de qualité et prometteur.

    Tout d’abord j’ai assez vite accroché aux personnages : bien écrits ils ont tous un bon potentiel d’évolution. La mère parait plus forte que son ancêtre Laurie (dieu merci), son fils a un bon cachet en ressort dramatique, le beau-père et son fils ont une belle perspective quant à l’évolution de leurs relations. Seule la fille lycéenne me laisse un peu sur ma faim. Bref prendre une famille recomposée c’était une bonne idée pour changer un peu les codes et ça donne toute une panoplie d’arcs narratifs nouveaux à exploiter. Toute une nouvelle gamme de ressentis pour nourrir les monologues dépressifs des personnages qui regardent le monde partir en fumée. Bien.

    Du côté du casting, on retrouve une flopée d’acteurs dont on connait vaguement la tête qui n’ont pas encore connu un vrai succès. Dans le rôle des deux parents nous avons Cliff Curtis qu’on a pu apercevoir dans La leçon de Piano,Sunshine de Danny Boyle, ou encore Die Hard 4 ; et Kim Dickens vue récemment dans Gone Girl de David Fincher ou d’autres séries notables comme House of Cards ou Sons of Arnarchy. Le fils et la fille sont eux interprétés par de jeunes acteurs prometteurs : l’australienne Alicia Debnam-Carey qui joue déjà un rôle important dans la série the 100 de la CW et que vous avez aussi pu apercevoir dans le film Black Storm ; et l’anglais Frank Dillane qu’on connait de loin pour avoir joué une des versions de Voldemort jeune dans le sixième volet d’Harry Potter.  C’est lui qui se démarque en particulier en tant que jeune drogué en panique bien qu’il ne soit pas vraiment à son avantage. En tout cas c’est un casting sans vedette donc qui ne pourra que nous surprendre par la suite.

    Le ton et l’ambiance de la série sont aussi au rendez-vous. Une approche ultra réaliste et une tension lente et progressive qui rappellent les premières saisons de TWD. Le rythme reste cependant encore calme mais ce n’est qu’un début.
    On notera tout de même que ce premier épisode semble plus proche du film d’horreur que la première série. Fear the Walking Dead veut nous montrer et nous faire ressentir l’angoisse qui monte dans la population. On nous promet même d’explorer des facettes intéressantes de la thématique comme la responsabilité des autorités qui cachent beaucoup de chose du grand public. Bref beaucoup de choses qu’on ne pourrait pas traiter avec TWD.

    Je n’ai pas grand-chose à ajouter si ce n’est que, clairement, si la série continue sur sa lancée je pense qu’elle sera un excellent complément de Walking Dead. Et même devenir une série intéressante en elle-même indépendante de son aînée. Puisqu’elle va pouvoir réunir des spectateurs aussi bien fans de TWD que de nouveaux intéressés qui n’adhèrent pas forcément à l’aspect survival de cette dernière. Sa principale difficulté sera certainement d'exister par elle-même aux yeux du public sans être toujours comparée à l'originel. On en attend beaucoup d’elle : on veut une espèce de bon long film de zombies avec la qualité d’écriture de sa série-mère. SMais avec le créateur de la saga au commande on peut s’attendre au meilleur. Cette première saison compte 6 épisodes diffusés donc jusqu’à fin septembre (également en simultané sur Canal+ Série pour nous francophones). Une saison 2 de quinze épisodes et d’ores et déjà commandée par la chaîne.
    Quoiqu’il en soit je suis déjà partante.

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    Netflix, le géant américain représentant du streaming légal, est devenu une belle boîte de production pour des séries acclamée par la critique. Tout d’abord il y a eu le grand succès du thriller politique House of Cards, puis la comédie Orange Is The New Black et sa prison féminine ont connu une popularité monstre. Mais c’est aussi à eux que l’on doit Marco Polo ou la fameuse série Marvel sur le personnage de Daredevil (que je ne peux que vous conseiller d’ailleurs). Leur façon de lâcher une saison entière d’une seule traite convient aux modes de visionnage de série moderne (le bingewatching en gros). Pas la peine d’attendre une semaine pour le prochain épisode, fini également l’attente des sous-titres ou des diffusions françaises : tout est là d’un coup et dans toute les langues (ils doublent même leurs séries en français pour les adeptes de la VF). Netflix n’impose aucune censure ni aucun format à ses programmes, repêche des séries annulées… bref Netflix est dans l’air du temps.
    Et son dernier poulain avait un CV qui avait tout pour vous faire saliver. Les Wachowskis (à qui on doit la mythique saga Matrix je vous le rappelle) sont de retour et nous proposent une nouvelle production de science-fiction se déroulant aux quatre coins du monde avec un concept original : Sense8. Diffusé à partir de début juin, la série a reçu un retour largement positif et enthousiaste ce qui m’a poussée à me lancer.

    Un policier de Chicago, une DJ islandaise, une fille de PDG coréenne, un conducteur de bus kenyan, une hackeuse de San Fransisco, une étudiante en chimie à Mumbai, un délinquant allemand et un acteur mexicain : huit personnes qui n’auraient à priori jamais dû se croiser. Pourtant Will, Riley, Sun, Capheus, Nomi, Kala, Wolgang et Lito sont reliés par une force mystérieuse. Un étrange lien qui se réveille le jour où ils assistent au suicide d’une femme dans une église où aucun d’entre eux ne se trouvait. Ce qu’ils croient d’abord être un rêve soulève de nombreuses questions. Puis, chacun va ensuite petit à petit découvrir qu’il peut ressentir ce que les autres ressentent, et même communiquer avec eux alors qu’ils sont à des milliers de kilomètres les uns des autres : ils sont ce qu’on appelle des « sensates ». Ils vont donc devoir appréhender ce lien et surtout essayer de comprendre ce qu’il s’est passé le jour du suicide de cette femme.

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    Un pitch mystérieux et alléchant qui est le grand point fort de la série. Dès le premier épisode on est intrigués, on irait au bout juste pour comprendre la première scène et pour voir où ils veulent aller. Cette première saison s’axe dans sa grande majorité sur la présentation des huit personnages et de leurs vies ainsi que sur la nature de leur connexion. Cette introduction se fait lentement et en douceur, on doit par exemple attendre la deuxième moitié de saison pour qu’ils interagissent enfin volontairement les uns avec les autres. Si ce démarrage quelque peu lent nous laisse perplexe au début, on comprendra plus tard qu’il était nécessaire pour qu’on puisse s’habituer nous même à l’idée et comprendre certaines scènes. Impossible de lire le montage d’une même scène tournée dans trois endroits différents si on a pas un minimum saisi l’idée, donc ça se fait en douceur pour éviter de paumer le spectateur.

    Mais une fois lancer, on ne les arrête plus et on nous offre de superbes scènes de « communion » très poétiques et bien trouvées. Ainsi on peut les voir tous chanter la même chanson en même temps, s’allier dans une même course poursuite… Et je vous paris que vous ne pourrez pas oublier cette scène de sexe qui se transforme presque en orgie. Le lien est à la fois utile pour faire avant l’histoire, utile pour faire de très belles scènes mais également utile pour des ressors comiques. Un homme peut ainsi ressentir l’effet des règles, un sensate peut accidentellement apparaître nu à un autre, et tout autre effet secondaire un peu drôle. Le sujet est bien balayé et très bien rendu à l’écran. C’est certainement ce qui m’a le plus plu dans la série même si tout cela bouffe beaucoup de temps sur l’ACTION.

    Parlons-en des scènes d’actions d’ailleurs. Si dès le premier épisode on s’attend à une enquête collective sur leur première vision, le sujet est très peu abordé et n’est réglé qu’en fin de saison. Mis à part le personnage d’un sensate extérieur à leur cercle qui sert beaucoup à expliquer le pouvoir au spectateur, il faut attendre le 7e épisode pour qu’on rentre dans le sujet sérieux. Une très grande partie du temps est consacré aux vies quotidiennes de nos huit protagonistes qui sont étrangement palpitantes. Je veux dire qu’un policier ou un voleur professionnel ait des scènes d’action répétées ça peut paraître normal, mais quand une pauvre DJ et un conducteur de bus (ok il vit en Afrique mais faut pas abuser non plus) sont impliqués dans des affaires sordides c’est tout de suite moins logique. De mon point de vue, ils ont voulu caser de l’action là où on n’en avait pas besoin. Résultat c’est à la limite du crédible dans la moitié des cas. Surtout qu’ils ne prennent pas toujours le temps d’expliquer comme il se doit ce qu’il se passe (toujours pas sure d’avoir compris l’intégralité de la storyline de Riley par exemple).


    La scène où ça a fait tilt

    On peut les comprendre ceci dit car les personnages vivent des vies très différentes. Certains connaissent donc des scènes dignes du meilleur film d’action alors qu’un acteur mexicain ne peut se limiter qu’au registre de la comédie. Dans ce dernier cas, ils profitent habilement du métier du personnage pour caser des scènes d’action délirantes. C’est peut-être ce qui lui a permis d’avoir une des storylines les plus logiques et constantes de la saison. Ils auraient pu ainsi jongler avec les genres. On voit d’ailleurs qu’ils ont commencé à le faire mais ils ont préféré faire du forcing pour mettre de la violence un peu partout. C’est à mon avis un des plus gros points faibles de la série. Ils auraient gagné à se concentrer plus vite sur l’intrigue principale pour caser leur lot de scènes d’action, ce qui devrait être fait pour une éventuelle saison 2.

    Un autre point vendeur de la série est sa diversité : des personnages très différents se comprennent et s’unissent. On peut d’abord voir qu’ils ont fait des efforts sur les origines et les lieus où ils habitent: Nairobi, San Fransisco, Séoul, Berlin, Mumbai, Londres (pour une islandaise), Mexico et Chicago. Cependant on notera que la moitié des personnages restent blancs et occidentaux, ainsi qu’on compte tout de même deux américains et personne d’origine arabo-musulmane par exemple. Mais passons. Le problème c’est que cela donne lieu à un assez grand nombre de stéréotypes. Le policier représente le héros américain dans toute sa splendeur (bon c’est une production américaine ça n’étonne plus personne). L’indienne ne regarde que des Bollywood et subit un mariage arrangé avec un homme qu’elle n’aime pas. L’asiatique de la bande maîtrise étrangement les arts martiaux et subit une société patriarcale. Le mexicain joue dans une panoplie de telenovelas. Quant au seul africain de la bande il fait face à la corruption de son pays et prend des poulets comme monnaie pour monter dans son bus. #clichés

    Bon c’était pour la diversité ethnique : on pourra quand même valider. Les acteurs ont des couleurs de peaux différentes, des apparences différentes et des accents très divers. On a même la chance de les entendre dire des mots dans leurs langues respectives. Même s’ils s’expriment tous en anglais ce qui est compréhensible d’abord pour faciliter la compréhension du téléspectateur, puis ça souligne le fait qu’il n’y a aucune barrière de langue entre eux et qu’ils se comprennent tous universellement.
    Egalement la diversité d’orientation sexuelle est parfaitement respectée. Un couple gay, un couple lesbien et une femme transsexuelle : les LGBT+ sont très convenablement honorés sans aucun cliché (assez rare pour être souligné). Mais par contre pour ce qui est de la diversité de l’environnement socio-économique c’est là que ça pêche. Tout d’abord ils vivent tous dans de grandes villes, pour la représentation des campagnards c’est un zéro pointé. Ensuite ils vivent tous dans une confortable classe moyenne. Seul Capheus semble avoir des problèmes pour terminer le mois mais après tout il est africain (#cliché). Dîtes-moi maintenant quelle est la probabilité pour que aléatoirement sur la planète les huit personnages principaux soient tous urbains et sans grand problème d’argent. C’est bête mais placer le deuxième américain dans la cambrousse ou rendre un des européens dans une classe plus précaire.

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    Si je vous fais tout un plat sur la diversité, c’est qu’au premier abord cela m’a semblé forcé. Chaque personnage vise une catégorie de la société américaine. Policier américain ? L’américain blanc lambda. L’acteur mexicain ? Combo entre la communauté hispanophone la communauté gay. La jeune indienne ? La grande communauté hindoue. La femme coréenne ? La communauté asiatique. Le chauffeur de bus kenyan ? Bah fallait forcément un noir pour la communauté afro-américaine. La hackeuse américaine ? Un peu pour la communauté trans, un peu pour la communauté geek. Au final les européens s’en sortent pas mal, on pourrait pousser et dire que la DJette s’adresse aux musiciens et le voleur aux hors-la-loi mais bon. Tout cela pour dire que j’ai eu ce sentiment que tout avait été fait pour plaire à toutes les communautés. C’est un bon point en soi mais au premier abord tout cela m’a semblé bien factice, avec des personnages posés comme des pièces d’échec pour ramener le public le plus large possible. Donc je leur reproche de ne pas être allé jusqu’au bout de leur démarche et d’être au final restés focalisés sur les Etats-Unis (représenter les communautés américaines en plus de faire des deux américains les deux enquêteurs sur l’intrigue principale avec bonus du cliché du héros américain) au lieu de penser qu’ils devaient représenter le monde entier (comme ils essaient de nous faire croire dans leur grand générique). A savoir : je suis assez irritable concernant l’américano-centrisme dans les contenus culturels.

    Mais tous ces défauts finissent par s’effacer sous le charme du récit. La série est très bien réalisée (les Wachowskis restent exemplaires à ce niveau) avec un budget confortable qui nous offre des décors et des paysages dignes de ce nom puisque toutes les scènes ont été tournées au lieu où elles sont censées se dérouler. Les acteurs sont tous (ou presque) bons dans leurs rôles tous aussi attachants (même si ce n’est pas le cas au premier abord). Même les personnages secondaires sont soignés et ça fait plaisir. Je suis également tombée sous le charme de toutes les relations romantiques que ce soit entre les sensates ou non. Des personnages bien écrits dans de beaux décors sous une belle réalisation : on finit tôt ou tard par trouver un certain charme à la série.

    En bref, Sense8 c’est une série originale qui a son côté poétique et son quota de scènes d’action. On découvre huit personnages très différents, au moins l’un d’entre eux va vous charmer et vous donner envie de suivre son histoire. Le concept est intrigant, passionnant et très bien exploité. Si la série a du mal à trouver son rythme et a tendance à s’éparpiller, on sera toujours félicité d’avoir continué dans une première saison qui ne cesse de monter en intensité et nous réserve beaucoup de surprise. Il est évident que cette saison n’est qu’une longue introduction pour pouvoir faire évoluer une histoire plus ambitieuse et ouvrir de grandes perspectives pour une suite. Trop lent pour certain mais pour ma part je trouve ça nécessaire. Je trouve même que c’est ce rythme posé qui a donné tout son charme à cette saison. Que je vous recommande donc chaudement. 

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    Révisions de japonais obligent, je me suis dit que regarder des films ou des séries dans la langue pourrait m’aider à me dérouiller. Cela fait maintenant longtemps que je suis entrée dans le milieu de la fascination nippone (un peu ressortie depuis m’enfin), et j’avais déjà une idée de ce qu’il se faisait dans le milieu au pays du soleil levant.
    Je n’ai jamais été une grande fan de manga et les tics d’animation des animes m’agacent très vite, à l’époque je m’étais donc spécialisée dans la version en chair et en os des animes : les dramas. Il s’agit d’un format très proche de nos séries occidentales sauf que les histoires sont faites uniquement pour durer sur une saison d’une dizaine d’épisode en général. Rares sont les dramas qui se sont vu accordé une deuxième saison signe ultime de leur succès, mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose quand on voit notre intérêt décroître au fil des saisons de nos séries américaines préférées.

    Au lieu de chercher un des derniers dramas japonais en vogue, le désir de revoir un de ceux que j’avais bien aimé à l’époque (il y a 5 ou 6 ans de cela) a fini par l’emporter. Après quelques hésitations je décide de reprendre LIFE, mon premier drama et aussi un de ceux qui m’ont le plus marqués. Quel n’était pas ma surprise de me retrouver captivée à nouveau par l’histoire comme à mes 12 ans. Onze épisodes ré-engloutis en 2 ou 3 jours qui m’ont laissé la sensation que c’était certainement un des meilleurs dramas que j’ai pu voir et qu’il fallait que j’en parle.

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    Comme beaucoup d’autres dramas, LIFE est une adaptation d’un manga de Keiko Suenobu qui traite de la partie sombre du lycée et de l’adolescence : intimidation, automutilation, suicide, incompréhension des parents etc. Dans le pays qui connait le plus fort taux de suicide au monde, rien d’étonnant à ce que de telles problématiques soient abordées. Déprimant, certes, mais assez passionnant.

    Nous suivons donc Ayumu Shiiba (jouée par Kitano Kie), jeune élève tentant d’intégrer un lycée prestigieux avec sa meilleure amie. N’étant pas très forte à l’école, c’est avec l’aide de son amie qu’elle prépare le concours. Seulement à l’annonce des résultats seule Ayumu est prise, sa meilleure amie la blâme alors pour son échec avant de tenter de se suicider. Ayumu fait sa rentrée au lycée remplie de remords, convaincue qu’elle n’a pas sa place ici. Alors qu’elle arrive enfin à se sentir bien dans sa classe, elle se rend compte petit à petit que ses nouvelles amies s’adonnent à cœur joie en humiliant une de leur camarade. Poussée par la leader du groupe Manami Anzai (Fukuda Saki), elle cède à la pression sociale et se tait devant des persécutions avant d’en devenir elle-même la victime.

    Ce drama est une véritable cristallisation des mauvais côtés de la société japonaise. Tout d’abord le thème principale, l’ijime (ou intimidation), est un véritable problème dans les collèges et lycées japonais mais aussi dans la vie professionelle ou la vie quotidienne. Le collectif passant en premier et étant valorisé dans la société, un individu qui s’intègrerait mal est facilement pris pour cible. 
    Toute la subtilité du drama est de nous montrer le fonctionnement de l’ijime et toutes les réactions possibles. Ainsi à travers Ayumu on comprend qu’elle ignore ce qu’il se passe pour s’intégrer au groupe tout en compatissant avec la victime. On la suit d’abord en tant qu’observatrice puis comme victime ce qui permet d’emblée plusieurs points de vue. Les premières cibles des persécutions ont été choisies par pure jalousie, puis c’est par revanche qu’on s’attaque à une nouvelle victime avant de parfois le faire uniquement par plaisir. On voit ceux qui s’écrasent et suivent le groupe, puis dès que quelqu’un conteste il est bizarrement soutenu par le reste de la classe. Certaines victimes y sont indifférentes, d’autres désespèrent (ce qui donne lieu à quelques scènes de tentative de suicide très prenantes), d’autres résistent…

      

      
     
    On retrouve les clichés des histoires de persécution : les parents incompréhensifs, les professeurs indifférents, la honte d’avouer qu’on est victime de brimades…

    Encore plus intéressant on rencontre d’autres formes d’intimidation. Entre le premier de la classe battu par son père, le père riche qui plit le principal à ses envies, la réputation du lycée qui oblige le personnel à étouffer l’affaire à chaque débordement… On souligne l’universalité du problème qui se retrouve partout. On aborde également la violence morale, la violence physique, la violence sexuelle… tout y passe. Et du haut de ses 15 ans Ayumu résiste et va défier toutes ces autorités une à une soutenue par des amis plus sincère et décide de se battre. L'histoire évolue pour développer un grand face à face entre Ayumu et la chef des bourreaux Manami qui se révèle tout aussi génial.

    D’autres facettes de la société sont abordées comme la très forte pression de la réussite scolaire comme professionnelle : intégrer un lycée prestigieux est primordial, les parents ne s’inquiètent que des notes de leurs enfants. On sent bien que l’excellence et le travail sont des valeurs profondes. Tout comme cette manie très japonaise qui consiste à beaucoup s’excuser et se préoccuper du tort qu’on cause aux autres. Très japonais également de se couper les cheveux en signe d’humilité après avoir fait du mal à quelqu’un. Certes ce n’est pas le Japon sous son meilleur jour mais tout cela est assez symptomatique de la société nippone.

    C’est donc un drama assez dur à regarder : les persécutions peuvent être très violentes, beaucoup de pleurs et d’émotion… Et encore, il a été aseptisé par rapport au manga qui abordait l’automutilation par exemple. Mais l’histoire est là pour nous toucher et nous faire réfléchir sur l'intimidation, sa responsabilité en tant que spectateur etc. Et il fait ça avec brio, on se retrouve pris dans un tourbillon cauchemardesque ou s'enchaine humiliation sur humiliation. Mais il lance également un message d’espoir puisqu’il montre qu’il y a une vie après les persécutions et que les bourreaux agissent de la sorte sur des insécurités Certaines scènes nous laissent même une ambiance presque poétique et calme nous soulageant de toute l’agitation qu’on a pu regarder avant. Une métaphore du tournesol est utilisée tout au long du drama pour montrer la floraison guidée par le soleil. Des tournesols contre les persécuteurs ? Pourquoi pas vous ne trouvez pas ça beau?

     

    Enfin j’aime le traitement de l’histoire en général donnant une explication aux comportements de chaque personnage. Chacun a sa propre raison d’agir comme il agit et c’est un enchainement d’évènements complexes qui l’a amené jusque-là. Egalement à souligner: le casting est à très grande majorité féminin. Fini alors le garçon bousculé et appelé tapette, place aux filles incroyablement mesquines et manipulatrices. Si on n’échappe pas à certains clichés (le « je couche pour te manipuler » ou le « elle m’a volé mon petit copain »), il est rare de voir des personnages féminins aussi tordus tout en étant aussi bien écrits. Comme quoi les personnages de lycéennes japonaises peuvent être montrés comme autre chose que des cruches.
    Cependant là où le scénario pêche c’est qu’il va trop loin rendant son antagoniste trop cruelle, trop puissante alors que la montrer plus humaine aurait eu plus d’impact. Je pense par exemple à une storyline qui implique une histoire de gang: too much. En tolérant ces écarts tirés par les cheveux, on peut prendre part avec passion à tous ces retournements de situation qui font qu'on a du mal à lâcher le drama. 

    Bref, LIFE est un drama fort et intéressant en plus d’être divertissant. Il vous introduira dans ce Japon loin des néons multicolores des animes et de la folie de ses publicités loufoques. Peut-être que le vrai Japon est aussi là dans cette part sombre. Je ne peux que vous le recommander à condition d’avoir un certain goût pour les drames. Vous en ressortirez plein d’émotions et avec la chanson de Mika Nakashima en tête. Un des meilleurs dramas que j'ai pu voir et également l'une des meilleures oeuvres traitant de l'intimidation/persécution, un indispensable pour moi.

      


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  • En tant que sérievore, je m’attèle souvent à cette tâche difficile qu’est de sélectionner des séries à tester que je pourrais aimer. C’est pour cela que si souvent je me plonge dans les magazines de séries en recherche de quoi me mettre sous la dent. Et quoi de plus idéel pour commencer une série que de la suivre depuis ses débuts ? Rares sont les speech qui vous accrochent dès leur première lecture, difficile de savoir ce que vaut une série lorsqu’elle n’a pas encore eu la chance d’acquérir une réputation. Au final c'est comme se jeter à l’eau les yeux bandés mais cela réserve parfois de belles surprises et parfois même les meilleures.
    Temps de faire un point sur le cru 2013/2014 ? Pas vraiment puisque l’année télévisuelle n’est pas tout à fait complète mais on peut toujours voir où en sont les nouvelles séries qui se sont lancées dans la bataille depuis la rentrée et jusque-là autant dire qu’il n’y a pas eu vraiment de casse. Au début de l’année j’avais piochée dans la liste des nouvelles séries en visant essentiellement deux séries appartenant à mon genre favori, science fiction/fantastique, j’ai nommé Sleepy Hollow et Agent of SHIELD de Marvel :



    Sleepy Hollow, redécouverte contemporaine de la célèbre nouvelle de Washington Irving notamment connue grâce au film de Tim Burton, s’annonçait très prometteuse. Ichabod Crane, espion anglais pour George Washington durant la guerre d’indépendance, se réveille malencontreusement au XXIe siècle dans la petite ville de Sleepy Hollow. Son arrivée déclenche une ribambelle d’évènements surnaturels et plus particulièrement l’activité d’un cavalier sans tête. Crane trouve cependant du soutien auprès d’Abbie Mills, une jeune policière, qui décide de le croire lui et son histoire abracadabrante selon laquelle sa femme sorcière l’aurait endormi au XVIIIe siècle pour le sauver.
    On accroche très vite à la série ne serait-ce pour l’ambiance noire réussie et pour le pauvre Crane qui se retrouve confronter à une époque totalement nouvelle. Au fil des épisodes, l’intrigue s’étoffe et le show se réduit à une série fantastique assez basique sur le modèle un monstre/un épisode mais en y incorporant un traitement différent, des créatures appartenant plus au domaine mythologique. De plus les scénaristes ont su dévier le piège évidant de faire tomber Abbie et Crane amoureux. Et leur relation, purement amicale, prend une dimension qu’on voit moins sur nos écrans et qui est très attachante. Mais malgré l’affection qu’on porte très vite aux personnages, je me suis lassée et je n’ai pas repris depuis la mi-saison. Pourquoi ? Eh bien je trouve que l’histoire s’emballe trop rapidement et que l’intrigue principale manque de finesse. Ainsi dès le premier épisode on nous balance une histoire d’apocalypse dans la tronche, au 5e on nous dit qu’Abbie et Crane sont les élus et qu’ils étaient faits pour se rencontrer… Difficile de voir où la série voulait aller et on brusque le spectateur : rien de très bon. Maintenant que la saison (comportant uniquement 13 épisodes) est finie il se pourrait que je la termine d’ici à ce que la saison 2 soi diffusée. Car la série a connu le meilleur démarrage de la rentrée avec des audiences tournant autour de 7 millions de téléspectateurs. A suivre donc…

    Agent of SHIELD était l’opportunité de Marvel de défier DC Comics sur le petit écran où cette dernière a depuis longtemps triomphée (avec Smallville ou Arrow aujourd’hui). Pour poursuivre dans leur grand arc de narration autour des Avengers, ils décident de se concentrer sur les activités du SHIELD : cette organisation qui est chargée de la sécurité du territoire. On retrouve en tête d’affiche Phil Coulson, qui était censé être mort dans le film d’Avenger, et son équipe près à jouer les agents secrets avec le grand Joss Whedon (Buffy contre les vampires, Firefly, Avengers) en scénariste.
    Rien de plus prometteur et de plus attendu donc pour tout fan de près ou de loin de Marvel. Mais voilà que ce soit pour moi ou pour la majorité du public la sauce n’a pas pris. Pourquoi ? Simple : il n’y a rien d’innovateur, tout semble déjà vu et surfait, la série ressemble dès son pilot à une parodie d’elle-même. Si on a tous aimé le personnage de Coulson dans les films, il faut avouer qu’il n’est pas assez intéressant ni extravagant pour tenir de rôle de personnage principal et le charisme de l’acteur se fait très vite balayé. Quant à sa nouvelle équipe je dirais que tout est à jeter ou refaire : le stéréotype de l’agent macho et tête-brulée confronté à une nouvelle agente avec un passé douteux et un caractère audacieux. On y ajoute la vétérante bad-ass et le couple de petits scientifiques maladroits mais ingénieux. Le tout étant bien sur jeune, beau et lisse… Voilà on n’est pas très loin de la dynamique des séries à la NCIS. Après les enquêtes sont pas si mal mais leur traitement est très classique et les effets spéciaux sont bien sur pas aussi spectaculaire qu’au cinéma ce qui enlève du charme au monde Marvel. Malgré plusieurs apparitions de personnages des films, j’ai lâché au bout du 3e épisode puisque je ne voyais presque aucun intérêt à la série mis à part peut-être le statelite médiocre de la suite de films Avengers. La série est légèrement sur la sellette aux Etats-Unis avec ses audiences relativement basses  et elle est prochainement prévue sur M6 (ce qui confirme encore une fois les choix douteux et si peu originaux en matière de programmation de série sur la chaîne).

    Y aurait-il une série née cette année dont je ne suis pas encore lassée ? Oui, j’ai succombé aux charmes d’une série romantique plutôt classique : Reign. Basée plus ou moins sur des faits historiques la série raconte l’histoire de Mary Stuart, reine d’Ecosse, qui s’est réfugiée en France pour sa sécurité et qui a été fiancée au Dauphin de France François II depuis son enfance. A l’âge mur, elle quitte le couvent où elle a passé le plus clair de son temps pour aller s’installer à la cour et organiser son mariage. Elle découvre alors le monde tordu qu’est la cour du roi Henri et de son épouse vicieuse Catherine de Médicis.
    Loin de s’ancrer dans l’ère où les séries historiques ne font ressortir que le sexe et la violence, Reign a la fraîcheur de se présenter comme une comédie romantique pour jeune adulte. Si la première approche n’est pas très concluante en raison des pauvres jeux d’acteurs du scénario encore assez léger et des décors très approximatifs, on arrive à apprécier la série à sa valeur et avec ses faibles prétentions. L’Histoire ne sert ici de cadre pour les grandes lignes, les robes des dames sont plus dignes d’un défilé de mode d’aujourd’hui que du XVIe. On se concentre plus sur les intrigues amoureuses et les complots que sur des plans très politiques. Une part est même accordée au surnaturel avec la présence de Nostradamus à la cour… La série trouve très vite un équilibre sympathique et on excusera les scènes de niaiserie devant l’alchimie des couples. Cependant, bien que les 10 premiers épisodes s’enchaînent avec facilités, les derniers épisodes en date laissent à désirer devant le vagabondage scénaristique dans toutes les situations d’un triangle amoureux possible et l’oubli de quelques storylines pour lesquelles on s’était plutôt passionnés. La série vaut le détour pour mes amis les fleurs bleues mais si les comédies romantiques ne sont pas vos tasses de thé passez votre chemin.

    Incorrigible, l’autre série que j’ai pu tester est encore de la science-fiction. Mais on ne pourra pas me reprocher d’avoir jeté un coup d’œil à la dernière production de JJ Abrams (Lost, Fringe, les derniers Star Trek, le prochain Star Wars) : Almost Human. Dans un monde où les robots cohabiteraient avec les humains, John Kennex est un policier sortant du coma qui vient de perdre son coéquipier et sa jambe. A son retour il doit faire équipe avec Dorian, un androïde dont le modèle a été retiré du marché à cause de quelques défaillances.
    Je dois dire que je n’ai pas vraiment suivi sérieusement depuis le premier épisode, non j’ai juste regardé quelques épisodes avec la famille vu qu’il y en a qui suivent. Comment pourrais-je parler d’une série lorsqu’on n’a pas vu le pilot : voyons voir ce que je peux faire. La série prend le format d’une série policière classique à l’exception près qu’ils vivent en 2048. Pour le peu que j’ai vu le mélange est très efficace car ils ont su prendre le meilleur de leur monde futuriste pour dynamiser le format d’une série policière. Les personnages sont attachants et sympathiques et les enquêtes mettent en valeur le côté science-fiction, le tout une ambiance plus sombre que les série policière habituelle. On ne boudera pas non plus une série avec Karl Urban (Seigneur des Anneaux, Star Trek) en tête d’affiche pour qui j’ai un faible. Bref la série rempli à merveille le contrat de divertissement et est bien cadrée pour une consommation ‘traditionnelle’ des séries (on regarde de temps en temps sans s’investir au point de regarder tous les épisodes). Si vous voulez mon avis voilà un bon appât pour les chaînes françaises qui correspondrait bien aux habitudes des français non-sérievores. Je compte cependant aller voir de plus près voire recommencer depuis le début puisque je pense qu’elle a un bon potentiel… Reste à voir ce que ça donne sur la saison entière. Aux Etats-Unis la série a plus reçu un bon accueil on peut lui souhaiter donc une seconde saison.

        

    Tant qu’on est encore dans les séries de JJ Abrams, la plus attendue vient tout juste de débuter et je viens tout juste de visionner le pilot : Believe créé par l’oscarisé Alfonso Cuaron (Gravity, Harry Potter 3). Bo est une petite fille qui possède d’étranges pouvoirs depuis sa naissance et a donc suscité de l’intérêt aussi bien chez ceux qui voudraient l’exploiter que ceux qui veulent la protéger. Elle passe de foyer en foyer jusqu’à ce qu’un jour une tueuse engagée par Skouras, un puissant homme d’affaire, tue sa famille d’accueil pour s’emparer de Bo. D’anciens associés de Skouras qui essaient de la protéger choisissent comme nouvelle famille un homme condamné à mort : Tate. Après l’avoir libérer celui-ci se retrouve obligé de s’occuper d’une petite fille télépathe très têtue et ce pendant plusieurs années. Lorsque celui-ci leur demande pourquoi l’ont-ils choisit ils répondent énigmatiquement qu’ils croient en lui cachant peut-être une raison plus concrète...
    Le pilot très prometteur répond aux attentes qu’on avait sur une série auquel s’intéresse ces grands cinéastes que sont JJ Abrams et Alfonso Cuaron. Si on peine à voir ce que peut donner la série sur la durée, le pilot nous promet du grand spectacle. Même si les codes scénaristiques restent jusque-là assez classiques, ce premier épisode nous réserve plusieurs surprises et arrive à piquer notre curiosité. Le personnage de Tate est très rapidement assez attachant et sa dynamique avec la jeune actrice (qui est vraiment douée pour son âge) marche bien. Le casting est essentiellement constitué d’acteurs peu célèbres puisque le plus connu est Kyle McLachlan (Dune, Blue Velvet, Desperate Housewives) dans le rôle de Skouras et les fans de Once Upon a Time reconnaîtrons leur Mulan avec Jamie Chung. Le tout annonce un bon potentiel mais on voit aussi les pièges dans lesquels la série pourrait tomber : une gamine trop agaçante, un scénario répétitif… Il leur faudra donc avancer avec prudence et surtout savoir s’arrêter au bon moment (aka quand le concept sera à bout de souffle) car la série pourra soi étirer nos espoirs jusqu’à ce qu’on accepte que la série est décevante et qu’on arrête, soi être très bien menée au moins sur les premières saisons. A suivre…


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